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À Saint-Cloud bouton
Sonnet
L'après-midi - souvent - à Paris, au mois d'Août
Je veux fuir les journaux, les fiacres, la poussière
Et les cafés poisseux où ruisselle la bière,
Et je prends le bateau qui conduit à Saint-Cloud.

Là, je gravis le parc. Du vert, du vert partout !
Je m'étends sur le dos, lâchement, la lumière
Du vaste azur me fait cligner de la paupière,
La grande paix des bois calme mon sang qui bout.

Je sens tourner ma tête à suivre les nuages
Qui mouchètent le ciel de leurs flocons soyeux,
Une immense torpeur me prend ; je clos mes yeux...

Je me fonds aux senteurs des fleurettes sauvages,
Et je rêve qu'ainsi je m'éparpille aux cieux
Dans le bruissement infini des feuillages.

Jules Laforgue

A Saint-Cloudbouton

1ère publication:
Jules Laforgue inconnu de Robert Chauvelot (Nouvelles Éditions Debresse) 1973

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