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Les amoureux
Seuls dans leur nid, palais délicat des bambous,
Loin des plages, du spleen, du tapage des gares
Et des clubs d'électeurs aux stupides bagarres,
Ils s'adorent, depuis Avril, et font les fous!

Et comme ils ont tiré rideaux lourds et verroux
Et n'ont d'autre souci, parmi les fleurs bizarres,
Que faire chère exquise, et fumer tabacs rares
Ils sont encore au mois des lilas fleurant doux,

Cependant qu'au-dehors déjà le vent d'automne
Dans un de profundis sceptique et monotone
Emporte sous le ciel par les brumes sali,

Les feuilles d'or des bois et les placards moroses
Jaunes, bleus, verts fielleux, écarlates ou roses,
Des candidats noyés par l'averse et l'oubli.

Jules Laforgue

1ère publication:
Poésies Complètes (Le Livre de Poche) 1970

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