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Les spleens exceptionnels
Heureux celui qui l'âme et la chair bien d'accord,
À son gré, n'importe où, soûle, amuse sa bête!
Pourquoi ne puis-je, moi, traverser une fête,
Aimer, avoir bon cœur, vivre enfin sans remords?

Je sais que nul ne voit la chute ni l'essor,
Et qu'on est seul, et qu'on peut tout! Qui donc m'arrête
Devant ces noirs opiums dont la rancœur hébète,
Et qui stupéfieraient mes terreurs de la Mort.

Ah bien des jours de spleen, de ces jours roux d'automne,
Où tout pleure d'ennui dans le vent monotone,
M'ont chassé de ma chambre! - à la fin, décidé

À m'en aller croupir sur ses seins et ses cuisses
D'une catin géante, aux chairs ointes d'épices
Qui me bercerait comme un pauvre enfant vidé.

Jules Laforgue

1ère publication:
Poésies Complètes (Le Livre de Poche) 1970

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