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Les têtes de morts
(Sonnet)

E più tu ridi perchè taci e sai.

Voyons, oublions tout, la raison trop bornée
Et le cœur trop voyant; les arguments appris
Comme l'entraînement des souvenirs chéris ;
Contemplons seule à seul, ce soir, la Destinée.

Cet ami, par exemple, emporté l'autre année,
Il eût fait parler Dieu! - sans ses poumons pourris,
Où vit-il, que fait-il au moment où j'écris ?
Oh! le corps est partout, mais l'âme illuminée ?

L'âme, cet infini qu'ont lassé tous ses dieux,
Que n'assouvirait pas l'éternité des cieux,
Et qui pousse toujours son douloureux cantique,

C'est tout! - Pourtant, je songe à ces crânes qu'on voit.
- Avez-vous médité, les os serrés de froid,
Sur ce ricanement sinistrement sceptique ?

Jules Laforgue

1ère publication:
Œuvres Complètes (Mercure de France) 1903

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