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Dimanches
Mon Sort est orphelin, les Vêpres ont tu leurs cloches....
   Et ces pianos qui ritournellent, jamais las !....
   Oh! monter, leur expliquer mon apostolat!
   Oh ! du moins, leur tourner les pages, être là,
Les consoler! (J'ai des consolations plein les poches)....

Les pianos se sont clos. Un seul, en grand deuil, s'obstine....
   Oh ! qui que tu sois, sœur ! à genoux, à tâtons,
   Baiser le bas de ta robe dans l'abandon !....
   Pourvu qu'après, tu me chasses, disant : « Pardon !
« Pardon, m'sieu! mais j'en aime un autre, et suis sa cousine !»

Oh! que je suis bien infortuné sur cette Terre!....
   Et puis si malheureux de ne pas être Ailleurs !
   Ailleurs, loin de ce savant siècle batailleur....
   C'est là que je m' créerai un petit intérieur,
Avec Une dont, comme de Moi, Tout n'a que faire.

                   Une maigre qui me parlait,
   Les yeux hallucinés de Gloires virginales,
                   De rendre l'âme, sans scandale,
                   Dans un flacon de sels anglais.....
                   Une qui me fit oublier
Mon art et ses rançons d'absurdes saturnales,
                   En attisant, gauche vestale,
                   L'Aurore dans mes oreillers....

                                   Et que son regard
                                             Sublime
                                      Comme ma rime
   Ne permît pas le moindre doute à cet égard.

Jules Laforgue

1ère publication:
La Revue Indépendante  avril 1888

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