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Complainte des bons ménages

L'art sans poitrine m'a trop longtemps bercé dupe.
Si ses labours sont fiers, que ses blés décevants !
Tiens, laisse-moi bêler tout aux plis de ta jupe
                          Qui fleure le couvent.

Le génie avec moi, serf, a fait des manières ;
Toi, jupe, fais frou-frou, sans t'inquiéter pourquoi,
Sous l'oeillet bleu de ciel de l'unique théière,
                          Sois toi-même, à part moi.

Je veux être pendu, si tu n'es pas discrète
Et comme il faut, vraiment ! Et d' ailleurs tu m'es tout.
Tiens, j'aimerai les plissés de ta collerette
                          Sans en venir à bout.

Mais l'Art, c'est l'Inconnu ! qu'on y dorme et s'y vautre,
On peut ne pas l' avoir constamment sur les bras !
Eh bien, ménage au vent ! Soyons Lui, Elle et l'Autre.
Et puis, n'insistons pas.

Jules Laforgue

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